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taines, qui ne pouvait assurément partager l’avis de Voltaire, qu’il importait peu au public que la Mort de César fût une bonne ou une méchante pièce, crut-il néanmoins à la sincérité d’un langage en apparence si plein d’effusion ? Ce qui est certain, c’est que la paix ne fut pas de longue durée ; à peine était-elle conclue que « le corsaire de Desfontaines » la rompit et ralluma les fureurs de Voltaire en insérant malgré lui dans son journal une épître confidentielle adressée au comte Algarotti.

Voltaire, exaspéré, déchargeait ainsi sa bile dans une ode sur l’Ingratitude adressée au maréchal de Richelieu :


Quel monstre plus hideux s’avance ?
La nature fuit et s’offense
À l’aspect de ce vieux Giton ;
Il a la rage de Zoïle,
De Gacon l’esprit et le style,
Et l’âme impure de Chausson.


C’est Desfontaines, c’est ce prêtre
Venu de Sodome à Bicêtre,
De Bicêtre au sacré vallon :
A-t-il l’espérance bizarre
Que le bûcher qu’on lui prépare
Soit fait des lauriers d’Apollon ?


Il m’a dû l’honneur et la vie,
En dans son injuste furie,
De Rousseau lâche imitateur,
Avec moins d’art et plus d’audace,
De la fange où sa voix coasse
Il outrage son bienfaiteur.