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prit un malin plaisir à retourner le fer dans la blessure de son adversaire, et il débuta dans les Observations sur quelques Écrits modernes (t. i, p. 4 et s.), qui avaient remplacé le Nouvelliste du Parnasse, par une critique aussi juste que spirituelle de la restauration du Temple du Goût.

Voltaire rugit à cette nouvelle attaque, ou, pour parler plus justement, à cette riposte habile. « Les Observations de l’abbé Desfontaines, écrit-il à Cideville, sont des outrages à la raison, à l’équité, à l’érudition et au goût… Je me repens bien de l’avoir tiré de Bicêtre et de lui avoir sauvé la Grève. Il vaut mieux, après tout, brûler un prêtre que d’ennuyer le public : Oportet aliquem mori pro populo. Si je l’avais laissé cuire, j’aurais épargné au public bien des sottises. » Pour l’honneur de Voltaire, il ne faut voir qu’une fanfaronnade dans ces paroles si haineuses et si cruelles ; avouons pourtant que ces criailleries sont peu dignes d’un philosophe. La Mort de César provoqua un orage plus violent encore, dont on peut voir les effets dans la correspondance de Voltaire (à Berger, septembre ; à Thiriot, 4 octobre ; à d’Olivet, 4 octobre 1735), où il prodigue à Desfontaines les épithètes les plus injurieuses.

Cette tempête, comme toutes les grandes crises, fut suivie d’un moment de calme. Revenant à des sentiments plus conformes à ses enseignements, Voltaire sembla comprendre que peut-être vaudrait-il