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quand Desfontaines fut enfermé à Bicêtre ; ce serait, au dire de Voltaire, et nous ne trouvons sur ce point d’autre témoignage que le sien, ce serait « pour avoir corrompu des ramoneurs de cheminée, qu’il avait pris pour des Amours, à cause de leur fer et de leur bandeau. » Quoi qu’il en soit, Voltaire, à la prière de madame de Bernières, son amie, et parente de l’abbé, travailla chaleureusement à tirer de prison leur pauvre ami, et il y réussit. Après un pareil service, Desfontaines, dans la pensée de Voltaire, ne devait plus avoir que des éloges pour l’homme qui lui « avait sauvé la Grève. » Loin de là, par un manque de cœur, par un travers d’esprit auquel il est vraiment difficile de croire, à peine sorti de prison, il aurait publié contre son bienfaiteur un libellé que, même, il aurait commencé à Bicêtre, mettant à profit, pour le railler et le diffamer, les quelques instants qui précédèrent son élargissement.

Tels sont les griefs de Voltaire, griefs qu’il répète à satiété dans sa correspondance, et dont il autorise, en quelque sorte, ses colères et ses invectives.

Soit pourtant qu’il ne fût pas parfaitement sûr que le libelle en question (Apologie de Voltaire adressée à lui-même) fût de Desfontaines, qui l’a toujours nié, soit par égard pour quelques amis respectables que l’abbé et lui cultivaient en commun, Voltaire dissimula longtemps son ressenti-