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et avec la certitude de n’en être point contredit, puisque l’Évangile n’a pas plus d’autorité aux yeux des abonnés d’un journal que ce journal même ; considérez encore qu’il n’attend pas, comme y est obligé l’auteur d’un livre, que le chaland vienne acheter sa feuille au lieu où elle se fabrique, mais que le même jour et au même moment l’État la transporte, à des frais insignifiants, sur toute la surface de la France et dans tous les pays de la terre ; que, s’il a quelque intérêt d’amour-propre ou de parti à affirmer un fait, il le reproduit dans les numéros de demain, d’après-demain, de tous les jours, jusqu’à ce qu’il juge que ce fait est solidement établi dans la croyance de ceux à qui il lui importe de le persuader ; que, s’il lui arrive de quelque part un démenti, et que la loi le force à l’imprimer, il le fera précéder ou suivre de réflexions qui en atténueront la portée ; il pourra même y revenir dans le plus prochain numéro, y trouver de nouvelles objections, et donner enfin si bien le change aux lecteurs, qu’ils finiront par croire que c’est le démenti qui en a menti. Il est hors de doute que quiconque, gouvernement ou simple particulier, voudra lutter à armes égales, c’est-à-dire de contradiction et de persévérance, contre un instrument de publicité de cette nature, devra nécessairement se lasser le premier, et marquer par son silence qu’il s’avoue à peu près