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Desfontaines nous a laissé de son principal collaborateur un portrait que l’on peut rapprocher, à plus d’un titre, d’une page que nous avons citée t. i, p. 154, où Suard parle en termes si touchants de son collaborateur et ami l’abbé Arnaud.


François Granet, né à Brignoles d’une honnête famille de négociants, était un homme de probité et d’honneur, modeste, de mœurs douces et d’un esprit égal. Philosophe dans ses sentiments et dans sa conduite, il fut exempt d’ambition, et son âme élevée ne s’abaissa jamais à solliciter des bienfaits et des titres. Excellent humaniste, il joignait à un riche fond de belles-lettres beaucoup de lumières sur l’histoire de la littérature ancienne et moderne. Son érudition s’étendait à la théologie et à l’histoire ecclésiastique et profane. Une imagination vive et une mémoire heureuse lui donnaient une extrême facilité d’écrire, et depuis quelques années il avait beaucoup perfectionné son style. Il est l’auteur des Réflexions sur les Ouvrages de Littérature, en 12 vol., qui, à l’exception du premier, sont tous de lui seul. C’est par cet ouvrage principalement qu’on peut juger de son érudition, de son style et de son goût. Il a enrichi le public de plusieurs éditions importantes, qu’il a ornées de doctes préfaces. Il y a quelques années qu’ayant formé le plan de l’ouvrage périodique des Observations sur les Écrits modernes, je le priai de vouloir bien se joindre à moi pour m’aider à fournir cette carrière. Comme il avait travaillé longtemps à un journal littéraire de Hollande, je connaissais son talent pour ce genre d’écrire. Je savais d’ailleurs qu’il avait les mêmes principes que moi sur les matières de littérature et de goût, et nous étions depuis longtemps liés d’une étroite amitié. Nous avons travaillé ensemble durant sept ans sans que rien ait troublé la douceur de notre association. Notre

    de son nom et se fait appeler d’Estrées, a été le rival de Fréron après la mort de l’abbé Desfontaines ; mais le mauvais succès d’un cahier qu’il publia alors le força à renoncer à la concurrence.