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l’histoire du bel-esprit et des talents de ce siècle… Nous croyons devoir nous interdire certaines facultés, et particulièrement la théologie et toutes les hautes sciences qui ne sont point du ressort du Parnasse. Nous avons ainsi un champ bien moins vaste que tous les auteurs de journaux littéraires. De plus, toutes les semaines ne voient pas éclore des ouvrages nouveaux. Il nous faut donc quelquefois recourir à des livres qui ont plusieurs mois, et même presqu’une année d’ancienneté. Nous croyons surtout le pouvoir faire lorsqu’ils nous paraissent mériter nos réflexions ; et comme ces réflexions sont toujours nouvelles, elles ne dérogent point à la qualité que nous prenons dans ces lettres : un nouvelliste du Parnasse ne doit pas être un gazetier ; il doit penser, juger et raisonner… Notre critique est un peu hardie ; mais pourvu que cette hardiesse soit polie, et qu’il règne partout une exacte neutralité, elle ne peut déplaire aux personnes désintéressées ; pourvu que les traits ne soient ni personnels ni trop forts, ils ne sauraient être blâmés… Au reste, nous ne donnons nos jugements que comme de simples avis ou comme des témoignages, et non comme des décisions ; et nous avouons que nous pouvons souvent nous tromper… Pour ce qui regarde les auteurs que nous ne flattons point, nous les prions d’être persuadés que nous voudrions sincèrement pouvoir toujours louer leurs ouvrages ; mais, en vérité, nous ne pourrions quelquefois le faire sans nous rendre un peu ridicules. Rien ne nous fait plus de plaisir que d’avoir à rendre compte et à faire l’éloge d’un bon livre ; il faut même qu’un ouvrage soit bien mauvais si en le censurant, nous ne le louons pas un peu. Si nous annoncions les livres sans les juger, si nous compilions des préfaces, si nous étalions quelques lambeaux dans le dessein de faire juger par là des ouvrages entiers, on sait assez dans quel mépris nous tomberions. Nous jugeons librement ; mais nous tâcherons toujours d’assaisonner nos jugements, et nous nous interdisons absolument tout ce qui pourrait blesser personnellement qui que ce soit. Nous jugeons, parce que les auteurs ne publient leurs ouvrages qu’afin qu’on en juge.

Si nous avions besoin de justifier notre conduite, nous ne