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ou les Audiences de Thalie. Thalie et Melpomène reçoivent Molière dans le nouveau temple qu’on vient de leur élever. Elles l’instruisent des révolutions que les lettres, le goût, l’art dramatique, ont éprouvées depuis qu’il a quitté la terre. De là une diatribe à laquelle Melpomène n’aurait pris aucune part si elle se fût un peu plus respectée, diatribe quelquefois gaie, mais plus souvent violente, contre les spectacles forains, les tragédies et les comédies modernes, les dictionnaires, les almanachs, les journaux, et nommément le Journal de Paris.

Les « très-circonspects et très-patients » rédacteurs dédaignèrent de répondre à une pareille attaque ; cette prudence leur valut ce camouflet :


        Ô d’Ussieux, Cadet, Corancez,
Comme on vous a bernés ! comme on vous a tancés !
        Mais Corancez, d’Ussieux, Cadet,
Ont toutes les vertus, le sang-froid du baudet ;
        Et Cadet, Corancez, d’Ussieux,
N’en écrivent pas moins, n’en écrivent pas mieux.


Mais l’heureux triumvirat prenait très-bien son parti de plaisanteries qui étaient, en quelque sorte, la consécration de son succès ; il avait, d’ailleurs, de bien autres soucis.


La lutte, en effet, se poursuivit longtemps entre le nouveau journal et les anciens, mais plus particulièrement avec la Gazette de France, et sur le ter-