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pourtant à le faire connaître. Il vint alors à Paris, où il fut accueilli par quelques personnes de distinction, et nommé bibliothécaire du maréchal d’Estrées, qui l’envoya en Hollande avec mission d’acheter des livres. La Hollande était alors la grande officine littéraire. Des libraires avec lesquels Camusat s’était mis en relation l’engagèrent à s’y fixer pour y faire valoir ses talents, et, depuis cette époque jusqu’à sa mort, il ne se passa pas une année sans qu’il fit paraître quelque nouvel ouvrage. Mais ses nombreux écrits se ressentent tous de la précipitation avec laquelle il les a composés ; dans tous pourtant se décèle l’homme d’esprit.

Prompt à former des projets, il les abandonnait aussi vite qu’il les avait conçus ; quand il était dans son cabinet, au milieu de ses livres, son imagination l’emportait, il échaffaudait des plans à perte de vue, et il s’illusionnait jusqu’à les regarder comme exécutés : c’est ainsi qu’il cite comme étant terminé un Dictionnaire critique, qui devait servir de supplément à celui de Bayle, et qui n’a jamais existé que dans son imagination. On a trouvé dans ses papiers un catalogue écrit de sa main contenant les titres non-seulement de tous les ouvrages qu’il a composés de 1716 à 1731 inclusivement, mais encore de ceux qu’il devait composer jusqu’en l’année 1759, à laquelle vraisemblablement il bornait sa carrière. Évidemment, si Camusat avait eu