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Lettres ; lisez par François Bruys, auteur famélique principalement connu par une Histoire des Papes qui eut à son apparition un succès de scandale. Combien n’en avons-nous pas vu, de nos jours, de ces jeunes gens à qui la faim, malesuada fames, mettait la plume à la main, s’imaginant que le journalisme était une ressource toujours prête pour quiconque n’en avait pas d’autre, qu’il suffisait, quand on ne savait plus que faire, de prendre une feuille de papier et de la barbouiller d’inepties quelconques qu’on faisait endosser à une société de littérateurs, de membres de l’Institut, dans l’espérance de leur donner plus de poids. Ainsi avait pensé Bruys, ce qui prouve que l’épidémie dont nous sommes affligés depuis quelques années n’est pas une maladie de notre siècle. Il avait à peine vingt-deux ans quand il s’érigea en aristarque de tous les journalistes. Mais il laissa bientôt voir « qu’il n’avait aucune des qualités nécessaires pour réussir dans un pareil ouvrage, qu’il avait plutôt toutes les qualités opposées : style plat et embarrassé, mauvais goût, aucune connaissance des livres, peu de bonne foi, et grande opinion de lui-même. » Ce jugement est de la Bibliothèque française (t. iv, part. 1, p. 134) ; le Nouvelliste du Parnasse (t. i, p. 289) le traite encore plus mal.


On dit que la Critique désintéressée des Journaux est l’ouvrage d’une communauté d’écrivains flamands, dirigée par un glorieux