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et ne peut-on pas dire sur ce sujet « que cet heureux phénix est encore à trouver ? »

Aussi, quelque pointilleux que soient d’ordinaire les auteurs, il est certain que c’est moins la critique qui fait révolter leur amour-propre contre leurs censeurs que la manière de critiquer. Les critiques, même celles des plus célèbres auteurs satyriques de nos jours, sont ou outrageantes ou malignes ; elles ne tendent qu’à tourner un auteur en ridicule, et à lui attirer le mépris du public. En effet, l’art de ces écrivains ne consiste qu’à dire d’une manière fine et nouvelle que l’auteur qu’ils critiquent est un sot. Ils ne raisonnent pas, ils décident ; et cette décision, hardie et bien tournée, impose au public…

On ne saurait dire qu’on offense les personnes dont on critique les ouvrages lorsqu’on ne fait que les relever avec modération, et qu’on n’avance rien qu’on ne s’efforce de prouver. Il est vrai que l’affaire est délicate, et qu’un auteur est tellement uni avec son ouvrage qu’on peut aisément s’y méprendre. Quoi qu’il en soit, on peut soutenir que rien n’est plus utile qu’une critique de cette nature, et qu’elle est souvent plus propre à former le goût et le raisonnement qu’une méthode plus suivie…


Le nouveau journal fut entrepris par une société de gens de lettres qui réunissaient entre eux de remarquables talents ; on nommait Sallengre, Themiseul de Saint-Hyacinthe, Van Effen, S’Gravesande, Marchand, Alexandre, et l’on y joignait même Leibnitz, dont le nom était déjà célèbre dans l’Europe savante.

« De tous les journaux composés par les étrangers, dit Desfontaines dans le Nouvelliste du Parnasse (t. I, p. 212), il n’y en a point qui soit mieux écrit que le Journal littéraire, surtout depuis 1719.