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Mais revenons au Journal de Trévoux.

On lit dans l’avertissement de 1716 que des personnes amies des lettres ont demandé qu’on proposât dans les journaux des questions propres à exercer les savants, et différents desseins de livres. Les rédacteurs promettent en conséquence de proposer chaque mois deux questions, une sur l’Écriture Sainte, l’autre sur les sciences ou la littérature, et d’indiquer chaque mois trois ou quatre desseins d’ouvrages dans tout genre de littérature, pour exciter au travail des esprits excellents qui languissent dans l’oisiveté : car trouver un beau dessein est souvent ce qui coûte le plus quand on veut devenir auteur. Ils proposèrent en effet quelques questions et desseins dans les numéros de janvier, d’avril et de mai, et ce beau projet paraît en être resté là.

Ils avaient promis, au commencement, de rapporter les différends qui pourraient s’élever entre les savants, mais en se bornant à exposer les raisons de part et d’autre, sans jamais eux-mêmes prendre parti. C’était promettre plus qu’on ne pouvait tenir. Aussi annoncèrent-ils dès 1712 la fin de ce système d’abstention, ou plutôt ils cherchèrent à se justifier de s’en être trop souvent écartés. « Nous ne pouvons nous dispenser, disent-ils, de mêler de la critique dans nos extraits : agir autrement, ce serait manquer à nos devoirs les plus essentiels ;