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Ils avaient d’abord invité les auteurs à faire eux-mêmes les extraits de leurs ouvrages. « Personne, ordinairement parlant, disaient-ils en 1701, n’est capable de faire mieux l’extrait d’un livre que celui qui l’a composé ; et d’ailleurs, un auteur pourrait craindre quelquefois qu’un autre faisant l’extrait de son livre, ne le fît pas parler et penser aussi bien qu’il croirait l’avoir fait. » Au bout de quelques années ils avaient changé d’avis ; ils déclarent dans l’avertissement de 1712 « que nulle considération ne leur fera insérer dans leurs Mémoires des extraits faits par l’auteur même. C’est une fidélité, disent-ils, que nous devons au public notre juge : un rapporteur manque à son devoir quand il se fie aux parties de l’extrait d’une cause. » Cette opposition de sentiments dans un même ouvrage, ou, si l’on veut, un ouvrage dirigé par le même esprit, prouve qu’il y avait dès lors du pour et du contre sur cette question, qui n’est pas encore vidée, ou plutôt, — car si cela pouvait faire question à cette époque, où le point de vue de la critique était tout autre que de notre temps, il semblerait que cela n’est plus possible aujourd’hui, — sur un usage qui n’est pas encore complètement aboli.

Quoi qu’il en soit, on voit que la vanité des auteurs n’était, dans les derniers siècles, ni moins inventive ni moins ambitieuse qu’elle l’est aujourd’hui. Nous lisons dans les Mémoires secrets :