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de ses amis, en réponse à certains bruits qui avaient couru, qu’il n’avait nul dessein de quitter sa fonction de journaliste, qu’il n’en était point las du tout, qu’il n’y avait point d’apparence qu’il le fût de longtemps, et que c’était l’occupation qui convenait le mieux à son humeur. Cependant il lui fallut céder à la fatigue. À en croire quelques écrivains, un démêlé qu’il eut avec la fameuse Christine de Suède n’aurait pas peu contribué à le dégoûter du métier. En insérant dans ses Nouvelles une lettre écrite de Rome où cette femme étrange condamnait les persécutions exercées en France contre les protestants, Bayle avait observé que c’était un reste de protestantisme. Deux lettres pleines de hauteur et de dureté lui furent écrites à ce sujet par un prétendu serviteur de la reine, et dans l’une de ces lettres se trouvait cette phrase, qui pouvait faire songer à la funeste aventure de Monaldeschi : « Vous pourriez vous vanter d’être le seul au monde qui l’eût offensée impunément, si vous n’aviez pris le parti de la justification. » Bayle l’avait pris, en effet, et ses excuses satisfirent tellement Christine, qu’elle voulut dès ce moment entretenir avec lui une correspondance pour tous les objets de littérature et de science.

Les Nouvelles de la République des Lettres furent continuées jusqu’en 1718, mais non sans interruption, par La Roque, Barrin, Jacques Bernard et