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le voit, ne péchaient pas précisément par la tolérance et la modération. Nicole ne le ménage pas davantage. « Il faut, dit-il dans une de ses lettres, se commettre le moins qu’on peut avec ce nouvelliste. Il a dans le fond l’esprit assez faux et nulle équité. Il divertit, d’une manière indigne, des choses les plus lascives, mais il est en possession de plaire, et de donner un air ridicule à ceux qu’il lui plaît. C’est une chose pernicieuse que ces petits censeurs qui s’érigent en tribunal, et qui disposent de toutes les têtes mal faites, qui sont toujours le plus grand nombre. »

Ces accusations injustes autant qu’acerbes eurent pourtant gain de cause, et défenses furent faites de laisser pénétrer en France le journal du philosophe protestant ; mais toutes les précautions ne purent empêcher qu’il n’en entrât chaque mois un grand nombre d’exemplaires, et ces taquineries ne firent qu’en augmenter le succès.


En dehors de ces grandes questions de théologie, d’histoire, de philosophie, Bayle se contente volontiers d’être l’écho de ce qui se dit ou s’écrit autour de lui ; son journal est un miroir où viennent se refléter en abrégé les traits principaux des ouvrages contemporains et les impressions du public. L’auteur parle rarement en son propre nom ; il emploie de préférence les formules générales : on dit,