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Mais pour nous, dont la perspective a étendu ou modifié les jugements, qui, en introduisant l’art, comme on dit, dans la critique, en avons retranché tant d’autres qualités, non moins essentielles, il est piquant de voir passer, associés, confondus dans les mêmes éloges, des hommes et des livres de mérites bien différents, les uns oubliés le lendemain, les autres entourés aujourd’hui de tout le prestige de l’éloignement et d’une gloire incontestée ; nous ne pouvons nous empêcher de sourire des mélanges et associations bizarres que fait Bayle, bizarres pour nous, à cause de la perspective, mais prompts et naïfs reflets de son impression contemporaine : le ballet de Psyché au niveau des Femmes savantes ; l’Hippolyte de M. Racine et celui de M. Pradon, qui sont deux tragédies très-achevées ; les Sermons du P. Allix accolés aux Contes de La Fontaine, que Bayle ne garantit pas, il est vrai, comme un livre de dévotion, mais où les amateurs trouveront de fort beaux récits, et des gravures en taille-douce bien entendues et dans la bienséance nécessaire ; Bossuet côte à côte avec le Comte de Gabalis ; Circé, opéra à machines, à côté d’Iphigénie et sa préface, qu’il aime presque autant que la pièce : parce que Racine y discute toutes les hypothèses sur le sacrifice d’Iphigénie, les opinions de Lucrèce, de Sophocle, d’Horace, de Pausanias, etc. ; parce qu’il s’égaie d’une bévue commise par les adversaires d’Euripide dans la tra-