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Tout le monde a si fort goûté la coutume d’insérer dans le Journal des Savants l’éloge des grands personnages que la mort a enlevés depuis peu, qu’on ne manquera pas de suivre cette méthode. C’est pourquoi on supplie les amis de ces illustres défunts de nous communiquer les mémoires nécessaires. Nous n’examinerons point de quelle religion ils auront été :

Tros Rutulusve fuat, nullo discrimine habebo ;

il suffira qu’ils aient été célèbres par leur science. Les moines illustres, de ce côté-là, n’obtiendront pas moins de justice qu’un autre savant. Il ne s’agit point ici de religion, il s’agit de science. On doit donc mettre bas tous les termes qui divisent les hommes en différentes factions, et considérer seulement le point dans lequel ils se réunissent, qui est la qualité d’homme illustre dans la république des lettres. En ce sens-là, tous les savants se doivent regarder comme frères, ou comme d’aussi bonne maison les uns que les autres ; ils doivent dire :

Nous sommes tous égaux comme enfants d’Appolon.
Nous sommes tous parents.

Pour le reste, il ne s’expliquera pas davantage sur la manière qu’il a résolu de suivre, parce qu’elle est assez conforme au plan des journaux qui se font dans les autres parties du monde, et que tous les curieux connaissent déjà ; mais il sera toujours disposé à accueillir les conseils que l’on voudra bien lui donner pour l’amélioration de son œuvre.

Bayle, en entrant dans le journalisme, se plaça tout d’abord au premier rang par sa critique savante, nourrie, modérée, pénétrante ; par ses analyses exactes, ingénieuses, et même par les petites notes qui, bien faites, ont du prix, et dont la tradition et