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(Journal des Savants, 1665, page 116.)

Réflexions ou Sentences et Maximes morales, à Paris, chez C. Barbin, au Palais.

C’est un traité des mouvements du cœur de l’homme qu’on peut dire lui avoir été comme inconnu jusques à cette heure. Un seigneur, aussi grand en esprit qu’en naissance, en est l’auteur ; mais ni sa grandeur ni son esprit n’ont pu empêcher qu’on en ait fait des jugements bien différents.

Les uns croyent que c’est outrager les hommes que d’en faire une si terrible peinture, et que l’auteur n’en a pu prendre l’original qu’en lui-même. Ils disent qu’il est dangereux de mettre de telles pensées au jour ; qu’ayant si bien montré qu’on ne fait jamais les bonnes actions que par de mauvais principes, on ne se mettra plus en peine de chercher la vertu, puisqu’il est impossible de l’avoir, si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins.

Une personne de grande qualité et de grand mérite passe pour être l’auteur de ces Maximes ; mais, quelque lumière et quelque discernement qu’il ait fait paroître dans cet ouvrage, il n’a pas empêché que l’on n’en ait fait des jugements bien différents.

Les autres, au contraire, trouvent ce traité fort utile, parce

L’on peut dire néanmoins ce traité est fort utile, parce