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pres écrits. Un fait de même nature, qui se produisit quand le Journal des Savants comptait à peine deux mois d’existence, donna lieu à une petite comédie, très-plaisante, très-instructive, qui est ainsi racontée par M. Cousin[1] :

« Le livre des Maximes, tant travaillé, revu et corrigé d’avance, pour ainsi dire, parut enfin au commencement de l’année 1665. La Rochefoucauld s’était ménagé bien des appuis, de pieux et puissants protecteurs, d’illustres et gracieuses protectrices. Il fit plus : il écrivit un Avis au lecteur, pour le séduire aussi, et Segrais, dont la plume était à son service, composa un long Discours, qu’on mit en tête de l’ouvrage, et qui en est une apologie régulière en quatre points…

» Pour soutenir et achever la comédie, il demanda à madame de Sablé de lui faire un article dans le seul journal littéraire du temps, qui commençait à paraître cette année même, le Journal des Savants, et la complaisante amie écrivit un article qu’elle lui soumit. Elle y faisait en quelque sorte l’office de rapporteur ; elle exposait les deux opinions qui partageaient sa société, et à côté de grands éloges elle avait mis quelques réserves. Cela ne plut guère à La Rochefoucauld, qui pria madame de Sablé de changer un peu ce qu’elle avait fait. Celle-ci, à ce qu’il paraît, n’y put réussir, et elle adressa de nou-

  1. Madame de Sablé, 2e édition, p. 176.