Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

troduction avait de la nation, qui, loin de recevoir, comme autrefois, l’impulsion du souverain, « provoquait les premiers pouvoirs constitués à rouvrir les canaux fermés ou desséchés de l’instruction publique », le nouveau journal ne put se soutenir : « L’ange exterminateur de la révolution avait anéanti autour de lui jusqu’aux germes de toute instruction ; l’ouvrage ne trouva ni protecteurs, ni acheteurs, ni lecteurs, et il mourut de sa belle mort au bout de six mois ; les bibliographes même ont oublié de l’enterrer dans leurs nécrologes[1]. »

On ne voit pas que, durant le Consulat et l’Empire, bien que les savants fussent tenus alors en plus grande estime que les littérateurs et les philosophes, personne ait songé à faire revivre le Journal des Savants. Il ne fut rétabli qu’en 1816, sur la proposition de MM. de Barbé-Marbois, garde des sceaux, et Dambray, chancelier, et sur un rapport motivé de M. Guizot, alors secrétaire-général du ministère de la justice. Dans ce rapport, après un bref historique du Journal des Savants, M. Guizot établissait la nécessité de maintenir à ce recueil le patronage du gouvernement, non pour en diriger ou en surveiller la rédaction, mais pour lui donner plus d’autorité, et pour y attirer les écrivains les plus considérables, qui seraient sûrs d’y échapper à tout esprit de mesquine rivalité. Le journal repa-

  1. Delisle de Sales.