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tut, Camus, Lenglès, Baudin des Ardennes, Sylvestre de Sacy, Lalande, Mongez, Millin et Daunou, « tentèrent de revivifier ce beau journal qui pendant soixante ans avait conservé le feu sacré de Vesta, c’est-à-dire les sciences, une raison paisible et la saine littérature[1] » Le prospectus, publié le 5 janvier 1796, sous forme d’introduction, est fort sensé. L’auteur y signale les dangers des mauvais journaux et l’utilité des bons ; cependant il souhaite une liberté décente pour tous, afin que la vérité ressorte de la discussion ; il s’étonne que de bons esprits se laissent entraîner à croire qu’il faille mettre des entraves multipliées à la presse et qu’ils s’évertuent à en chercher, tandis qu’elles existent dans la concurrence même ; puis il ajoute :


S’il ne paraissait qu’un seul journal, ou s’il arrivait qu’en laissant aux journaux, en apparence, un libre cours, l’autorité voulût en établir un plus ou moins privilégié dont elle dicterait la rédaction en disant qu’elle la surveille, et dont elle ordonnerait la circulation sous prétexte de la seconder, alors sans doute on aurait tout à craindre : l’équilibre serait détruit, les moyens de contredire manqueraient aux opposants et aux offensés, et, au lieu d’un combat qui n’est loyal qu’autant que les armes sont les mêmes et que leur usage dépend uniquement de l’adresse et de la force avec laquelle on les manie, le champ de bataille serait d’avance assuré à celui en faveur duquel on aurait saisi tous les avantages du terrain.


Malgré la bonne opinion que l’auteur de cette in-

  1. Delisle de Sales, Essai sur le journalisme.