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intraitable que Sallo, ne lui fût pas inférieur en talents. Son choix se fixa sur l’abbé Gallois, qui, comme nous l’avons dit, avait été un des collaborateurs de Sallo, et qui consentit à se soumettre aux conditions que ce dernier avait repoussées.

« M. de Sallo, du reste, ne pouvait pas être mieux remplacé. La fonction de journaliste demande une étendue de connaissances qui se trouve rarement dans une même personne. Outre les langues savantes et la sienne propre, qu’il lui est nécessaire de posséder parfaitement, outre une légère teinture qu’il doit avoir des langues vivantes, s’il veut rendre compte des ouvrages qui s’impriment dans toute l’Europe, il a besoin d’être au fait des différentes matières dont il parle, et, selon les occasions, il faut qu’il se montre mathématicien, astronome, physicien, jurisconsulte, théologien ; qu’il n’ignore rien de ce qui s’est passé dans l’antiquité la plus reculée, qu’il sache ce qui est arrivé dans les siècles postérieurs et moins éloignés. Ce n’est encore là qu’une petite partie des qualités requises pour former un journaliste parfait ; elles tournent même au préjudice du public, dont elles peuvent surprendre la confiance, si celui qui en est revêtu ne joint à une science si vaste des talents plus rares encore qu’une prodigieuse érudition, je veux dire : de la justesse dans l’esprit, de la clarté dans les idées, un style pur et correct, tout au moins vif,