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s’y était joint en même temps des plaintes, bien plus injustes encore, mais d’un poids plus redoutable. L’inquisition avait rendu un décret qui condamnait le fameux ouvrage de Marca De concordantia sacerdotii et imperii, et un traité de de Launay qui défendait les droits des ordinaires contre les prétendus privilèges des ordres religieux. Sallo, qui avait fort à cœur les libertés de l’église gallicane, aurait cru trahir son ministère et les intérêts de la nation, s’il ne se fût élevé contre les entreprises qu’il jugeait pouvoir y donner quelque atteinte. En rapportant ce décret, il en parla avec la noble liberté qui convient à tout citoyen, et mieux encore à un magistrat ; il dit, entre autres choses, que « la censure des inquisiteurs ne pourrait faire qu’on eût moins d’estime pour l’ouvrage de Marca, puisqu’il ne contenait que des maximes constantes et qui pouvaient passer pour les lois fondamentales de la monarchie. » Il défendait avec la même indépendance le traité de de Launay.

Les jésuites, qui n’avaient pu voir sans déplaisir s’élever un tribunal littéraire et philosophique qui ne relevait pas d’eux, qui détestaient d’ailleurs Sallo et ses amis, en leur qualité de parlementaires et de gallicans suspects de jansénisme, firent agir le nonce du pape, et celui-ci, après des démarches réitérées, obtint qu’il serait fait défense à Sallo de continuer sa publication. Ainsi le Journal des Sa-