Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il crut les plus propres à mortifier le journaliste.


Je m’attends bien, dit-il, si le Journal des Savants recommence, comme on dit qu’il va recommencer, que son auteur fera des railleries de ces Observations, puisqu’il en fait de quelques chapitres de grammaire de mes Aménités du droit, qui sont beaucoup plus considérables en toutes façons. J’aurais pu le railler par d’autres railleries, et plus fines et plus ingénieuses ; j’aurais pu faire voir au public que les gazettes de ce nouvel Aristarque, qui vient censurer ici les plus fameux écrivains de notre siècle, lui qui n’a rien écrit, et dont le nom n’a été imprimé que dans la liste de la quatrième des enquêtes, ne sont, pour me servir des termes de M. Sarasin, que des billevesées hebdomadaires, et sa dignité, quelque respect que j’aie pour elle, ne m’en aurait pas empêché : maledici senatoribus non oportet, remaledici civile fasque est. Mais je tire trop de gloire de ceux qui écrivent contre moi pour écrire contre eux.


C’est la même pensée qu’exprimait, avec plus de dédain encore, un autre adversaire du Journal des Savants, Tanneguy Le Fèvre, en disant que « pour bien juger de ses livres il fallait avoir l’âme capable de plusieurs formes, et sentir à demi-mot le beau et le fin de ses expressions. »

Une analyse trop sincère que Sallo fit de l’Introduction à l’histoire par les médailles, petit livre de Charles Patin, lui mit sur les bras un adversaire encore plus vif et plus redoutable que Ménage. À dire vrai, ce ressentiment de Patin était assez naturel : à quel auteur la patience n’échapperait-elle pas en lisant « que son ouvrage est assez joli, quoique le titre convienne mal à la matière qui y est trai-