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l’expression. Et il n’épousera aucun parti. Sans doute que cette indifférence sera jugée nécessaire dans un ouvrage qui ne doit pas être moins libre de toute sorte de préjugés qu’exempt de passion. »

Une remarque à faire, c’est que le titre de Journal des Savants donné par Sallo à sa feuille détourna d’abord beaucoup de gens de la lire. On s’imagina que c’était un ouvrage d’érudits, uniquement à la portée des savants. On fut assez longtemps à revenir de cette prévention, jusque-là que, pour obvier au préjudice qui en résultait, l’abbé de La Roque, qui prit la rédaction du journal en 1675, crut devoir, quelques années après, en expliquer le titre par cette addition : « Recueil succinct et abrégé de tout ce qui arrive de plus surprenant dans la nature, et de ce qui se fait ou se découvre de plus curieux dans les arts et dans les sciences. » Pour donner le temps aux premières impressions de s’effacer, le journal parut pendant plusieurs années avec le titre ainsi commenté, et un avertissement prévenait en outre que, quoique le frontispice du livre semblât ne demander pour lecteurs que des savants de profession, des érudits (on sait que ce terme était pris alors en assez mauvaise part), on pouvait néanmoins assurer les ignorants qu’ils y trouveraient toujours de quoi s’amuser, et que la plupart des choses dont on y parlait n’avaient rien qui fût au-dessus de la plus médiocre intelligence.