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aussi vif qu’il l’a fait depuis dans les mêlées politiques, si ses luttes sur ce terrain, luttes dans lesquelles se dépensait l’ardeur des esprits au XVIIIe siècle, n’ont pas retenti aussi profondément dans la nation, le journal littéraire a néanmoins exercé sur la marche de la société une influence qu’il est impossible de méconnaître. Assez longtemps faible et timide, il avait fini par conquérir une grande liberté, et c’est là, bien plutôt que dans la presse politique, alors étroitement musclée, qu’il faut chercher, pendant le dernier siècle, le mouvement et la vie.


C’est en 1665 que parut le premier journal littéraire, et l’honneur de cette création revient encore à la France : le Journal des Savants est, pour nous servir de l’expression de Voltaire[1], « le père de tous les ouvrages de ce genre dont l’Europe est aujourd’hui remplie, et dans lesquels trop d’abus se sont glissés, comme dans les choses les plus utiles. » Ce fut un conseiller au parlement de Paris, Denis de Sallo, qui le premier imagina de faire pour les événements de la république des lettres ce que faisaient les gazettes pour les événements publics, en un mot d’écrire les annales de la science. Une particularité digne de remarque, c’est que le premier journal littéraire, partageant la fortune du premier

  1. Siècle de Louis XIV.