en son propre et privé nom le privilége d’un papier public qui devait faire époque dans les fastes des papiers publics. Ce brave homme avait foi dans l’utilité de son œuvre ; il comprenait cependant que sa spécialité n’avait en elle-même rien de bien attrayant : aussi promettait-il d’y joindre beaucoup d’accessoires qui en devaient faire le plus intéressant de tous les journaux. « Et il n’eût point hasardé cette assertion s’il n’eût été assuré de pouvoir tenir même plus qu’il ne promettait : il était trop pénétré du respect dû à cette partie du public juge souverain en fait de réputation. Qu’on le laisse faire, et les souscripteurs seront avant peu très-étonnés de ce qu’il aura imaginé pour mériter et leurs suffrages et ceux du public en général : le titre de Patriote, qu’il a adopté, est un engagement sacré dont il connaît toute l’étendue. » Mais il faut le temps. « Le public est trop équitable pour penser que dans un établissement de ce genre on puisse avoir acquis toute la perfection à laquelle on se propose d’atteindre… Quand son travail aura prouvé au public combien ses vues méritaient d’être secondées, ceux mêmes qui auraient été plus difficiles à convaincre de son utilité seront les premiers à l’applaudir. La première beauté qui vit un rosier pendant l’hiver dut dédaigner cet arbrisseau informe ; aux premiers jours du printemps, elle dut fuir une tige qui ne pouvait se couvrir de feuilles
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