Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Affiche de province était, et cela depuis son origine, plus foncièrement littéraire ; les annonces n’y formaient qu’un accessoire presque insignifiant. À la fin de 1783, ses propriétaires, pour mieux soutenir encore la lutte contre le Journal de Paris, décidèrent qu’elle paraîtrait trois fois par semaine, et que, comme elle n’était pas astreinte aux mêmes détails minutieux et journaliers que l’Affiche de Paris, elle embrasserait avec plus d’étendue les matières de goût, de littérature et des sciences ; qu’elle comprendrait en outre les matières traitées jusque-là dans la Gazette et le Journal d’agriculture, commerce, arts et finances, qui lui avaient été réunis.

Le journal de Querlon est assurément le recueil le plus intéressant pour la bibliographie et l’histoire littéraire de la dernière moitié du XVIIIe siècle. Tous les livres nouveaux, non seulement y étaient annoncés, mais étaient l’objet de notices exactes, et d’une telle précision dans leur brièveté qu’elles font parfaitement connaître le fond, la substance, et même la forme de chaque ouvrage. Une rare qualité encore de ces analyses, c’est leur impartialité ; c’est là surtout ce qui distinguait cette petite feuille, « dont tout le mérite peut-être, dit Querlon lui-même, — et les contemporains ont généralement confirmé son témoignage, — est d’être vraie, autant qu’il était en l’auteur d’être instruit ; d’où la passion du moins est bannie, puisqu’il est aisé de voir,