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caractère éminemment satirique ; c’est du scandale que vivaient la plupart de ces gazettes clandestines. Quelques unes cependant n’étaient que des ramassis de nouvelles fort inoffensives ; il en était même certaines qui, à ce qu’il paraît, affectaient déjà la forme et le ton de nos chroniques et courriers. Nous trouvons dans le catalogue de la Bibliothèque poétique de M. Viollet-Leduc, sous le titre de La Gazette ; Paris, jouxte la copie imprimée à Rouen par Jean Petit, 1409 (1609 ?), une pièce de vers que le savant bibliophile donne comme « une sorte de satire en forme de programme des gazettes à la main, et dans ce programme, comme dans tous ceux que l’on fait aujourd’hui, on promettait beaucoup plus que l’on ne voulait et que l’on ne pouvait tenir. » On y fait même tant de promesses, et des promesses de telle nature, que nous serions forcé de convenir, si cette pièce n’est pas antidatée, que les gazettes manuscrites avaient pris, dès le commencement du XVIIe siècle, un développement que nous n’aurions pu soupçonner. Voici, du reste, ce qu’en donne M. Viollet-Leduc dans son catalogue :


    La Gazette en ces vers
    Contente les cervelles,
    Car de tout l’univers
    Elle reçoit nouvelles.
    ............
La Gazette a mille courriers
Qui logent partout sans fourriers.