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d’hôtel et un cocher ; c’était un meuble de grande maison. On lit cette mention dans un compte manuscrit des recettes et dépenses du duc de Mazarin : « Au sieur Portail, pour les nouvelles qu’il fournit toutes les semaines par ordre de Monseigneur, et pour cinq mois, à 10 livres par mois, 50 livres. » Ce n’était pas payer trop cher un homme dont l’emploi consistait à rechercher ou à inventer les nouvelles de la ville et de la cour ; à savoir ce qui était dans la pensée du prince, et même ce qui n’y était pas ; à connaître ou à imaginer ce que le roi avait dit tout bas à la reine, et, ainsi que le disait des nouvellistes de son temps un poète comique latin, à révéler la conversation que Jupiter avait eue avec Junon[1]. Mais ils avaient certains petits profits qui compensaient un peu l’exiguité de leur pension. Ainsi, quand, par occasion, ils passaient dans le quartier vers l’heure de midi, ils pouvaient aller dîner à l’office. « Et vous pensez bien, fait dire Monteil à un de ces parasites, que j’en avais tous les jours occasion. Ma place, à cet égard, était fort bonne. Pour la conserver, j’écrivais le plus que je pouvais des nouvelles à la main, des gazetins, des gazettes à la main, divisées par articles, que je rem-

  1. Quod quisque in animo habet, aut habiturus est, sciunt ;
    Sciunt id quod in aurem rex reginæ dixerit ;
    Sciunt id quod Juno fabulata est cum Jove ;
    Quæ neque futura neque facta, illi tamen sciunt.

    (Plaute, l’Homme aux trois deniers.)