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  De ces hâbleurs passant leur vie
  Dessous l’arbre de Cracovie [1]


un orme fameux ; ainsi nommé des bourdes, des craques, qui se débitaient sous son ombrage ; — la salle mugissante du Palais [2] ; — l’Arsenal ; le cloître des Augustins, que le voisinage du Pont-Neuf était très-propre à achalander de nouvelles, et celui des Célestins, où l’on voyait surtout des abbés. Les nouvellistes se réunissaient encore dans les cafés, où les curieux se portaient en foule, comme jadis les Athéniens à la place du marché, pour savoir les nouvelles du jour.

Il y avait rivalité entre ces différents cercles ; une petite pièce de la fin du XVIIe siècle, le Nouveau règlement général pour les nouvellistes, nous fournit à cet égard de très-curieux détails [3] :

« Dans les assemblées qui se forment de ces infatigables curieux qui font profession actuelle de s’entretenir des grands événements, l’on n’y entend ordinairement que du galimatias et des qui-pro-

  1. Henriade travestie.

  2.   Ni Luxembourg, ni quai des Augustins,
      Ni du Palais la mugissante salle,
      En célébrant leurs conciles mutins,
      N’eurent jamais, pour régler les destins,
      Un nouvelliste, Octave, qui t’égale.

    Sénecé
  3. Cette pièce curieuse, dont on connaît deux éditions, l’une in-4o, sans date, l’autre de Paris, Cl. Cellier, 1703, in-8o, a été reproduite par notre ami M. Édouard Fournier dans ses Variétés historiques et littéraires, où il l’a, comme toujours, éclairée d’un de ces lumineux commentaires qui font le succès de ce recueil si éminemment intéressant, une des meilleures productions sans contredit de la Bibliothèque Elzevirienne.