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HISTORIQUE

Pendant qu’en Angleterre le journal cherchait ainsi sa voie, une feuille paraissait à Paris qui, par la régularité de sa publication, par sa circulation européenne, par l’abondance et le choix de ses matières, la supériorité de sa rédaction et le nombre de ses correspondances répondait enfin, aussi complétement que cela était possible à cette époque, à l’idée que nous nous faisons d’un journal : c’était la Gazette de Renaudot, qui débuta en mai 1631 et se continua avec une imperturbable régularité jusqu’en 1792, époque où elle revêtit une nouvelle forme, sous laquelle elle est venue jusqu’à nous. Il y a loin encore assurément de la feuille de Renaudot aux journaux actuels ; mais enfin c’était le journal ; l’instrument, l’arme, était créée, le temps devait faire le reste.

Avant d’aborder l’histoire de la mère des journaux, « mère Gigogne, s’il en fut, comme le dit M. de Laborde, et bien digne par sa persévérance d’avoir enfanté une pareille postérité », nous croyons devoir, pour en mieux faire comprendre l’importance et le rôle, remonter autant que possible le cours de sa filiation et chercher quels peuvent avoir été ses ancêtres. Le journal, nous l’avons fait pressentir, n’est pas né tout d’une pièce, on n’est arrivé à cette conception qu’à la suite de longs tâtonnements, cent cinquante ans seulement — la chose est remarquable — après l’invention de l’imprime-