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vient de lire, et qui avait motivé le remaniement de la Gazette du 4 juin 1633. Voici comment Renaudot lui-même explique ce fait ; on remarquera que son explication ne diffère de celle que j’ai donnée que sur un point secondaire, l’heure à laquelle l’article lui fut apporté :

Cet article de la Gazette du 4 juin 1633, qui est le seul dont on fait du bruit, et pour lequel on tâche, mais en vain, vu l’équité, bonté et justice de Votre Majesté, de m’aliéner l’honneur de ses bonnes volontés, ne saurait donner aucune prise contre moi. L’innocence ne se cache point : il me fut envoyé le matin de ce jour-là par le défunt Cardinal duc, de la part du Roi, qui avouait toutes ses actions, plus de la moitié desdites Gazettes étant déjà imprimées ; ce qui fut cause qu’il ne se lut qu’en ce qui restait à tirer.

Il contenait qu’entre plusieurs prisonniers que l’intendant de la justice en Champagne avait amenés avec lui était Don Juan de Médicis… Lesquelles impostures étant par moi appelées malicieuses et éloignées de toute apparence, c’est tout ce que pouvait faire un bon Français et autant affectionné au service de Votre Majesté qu’il le doit être.

Voilà néanmoins le grand crime que l’on me met à sus, et sur le sujet duquel, Madame, je supplie très-humblement Votre Majesté de considérer que quand aujourd’hui, quelque prince étranger ayant été arrêté en France, votre conseil me commanderait, pour justifier son procédé, d’en publier les causes, ou que ses principaux ministres me donneraient ordre d’informer le public de quelque autre chose de telle importance, quel moyen j’aurais de m’en dispenser ?…

Ce que le conseil du Roi défunt me dictait, ce que Sa Majesté approuvait, et où elle ne trouvait rien à redire, me doit-il être aujourd’hui reproché, après une suite de tant d’années ? Aucun n’en eût osé parler alors ; Votre Majesté même, Madame, n’en a