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        La modestie et la pudeur
Servent de contrevents aux fenêtres du cœur ;
        Et Cloris s’est assujétie,
Sans préjudicier pourtant à son amour,
D’opposer aux voleurs, et de nuit et de jour,
        La pudeur et la modestie.

Ces beaux yeux, en public toujours si retenus,
En secret pour Daphnis perdront leur retenue,
        Ils verront les Amours tout nus,
        Et la volupté toute nue.
Ils sauront exciter les amoureux désirs,
Ils sauront ménager les amoureux plaisirs,
    Ils marqueront de la nature
        Les plus tendres mouvements ;
        Et ces bienheureux moments,
    Qui payent avec tant d’usure
        Les mauvais jours des amants.


Plus deux petites oreilles, bien ourlées et rebordées, qui servent au cœur de conduit et de passage pour les cajoleries, les fleurettes, les déclarations d’amour, les protestations de fidélité, les soupirs, les plaintes, les prières, et pour tous les autres divertissements de cette nature à quoi il s’occupe. S’oblige ladite Cloris de les fermer, condamner du côté du mauvais vent, en sorte que ledit preneur n’en puisse être endommagé.


Qu’ainsi la méfiance, et l’envie, et la haine,
Rencontrent en tout temps ce passage fermé,
        De crainte que par leur haleine,
        Le cœur ne soit envenimé ;
Que Daphnis, affranchi de ces mortelles pestes,
Ne se sente jamais de leurs souffles funestes ;
Que Cloris, des jaloux méprisant le dépit
        Fasse ses oreilles au bruit ;