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il ne trouva point de plus grand antagoniste que le mais. Les apôtres allaient porter la doctrine salutaire par tout le monde ; à peine eurent-ils passé de Jérusalem à Antioche, que le mais les obligea d’y retourner pour arrêter les progrès de la contradiction. Inutilement, le mais a toujours été le plus fort. Après avoir fait la guerre à la paix avec la plume, il s’est armé du fer, il a allumé le feu, et il a fait du monde le théâtre de mille scènes sanglantes. En un mot, on peut dire que le mais est la remore de tous les agréments de la vie.

Il y a pourtant des occasions ou le mais est assez aimable. Qu’il vient à propos dans la bouche d’un fâcheux ! Je vous entretiendrais plus longtemps, mais… D’un prédicateur ennuyeux : Il serait temps de passer à une seconde partie, mais… J’aime bien le mais qui me sauve d’une visite, active ou passive, quand elle est incommode. Si le mais ne retenait la colère, que de fracas en mille occasions ! Neptune allait lancer son trident contre Eole, mais

Quos ego… sed motos prœstat componere fluctus.
Par la mort… Il n’acheva pas,
Car il avait l’âme trop bonne.

En un mot, je me réconcilierai avec le mais, s’il ne s’emploie jamais que pour exprimer les obstacles au mal et au crime.




épigramme


À mon avis, le plus grand des trésors
C’est une femme honnête ; je m’explique :
Je veux qu’elle ait l’esprit comme le corps,
Que son devoir soit sa seule pratique ;
Qu’en son cœur soit toute sa rhétorique,
Que sa raison ne conteste aucun point.
Heureux qui l’a, cette merveille unique !
Mais plus heureux encor qui ne l’a point !