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de la médecine et de la chimie ; l’abbé Remy et Guyot de la jurisprudence ; Suard de tout ce qui concerne la philosophie, les sciences et les arts ; La Harpe, enfin, de tout ce qui est du ressort de la littérature et des spectacles. Imbert devait fournir des contes ; Dorat et Berquin des idylles, des romances et des pièces fugitives ; et Dalembert, Marmontel et Condorcet couronneraient le tout par des articles de morale et de métaphysique. La Harpe eut la direction générale[1].

Ajoutons qu’il devait paraître tous les dix jours un numéro de cinq feuilles in-12, trois de littérature et deux de politique, et qu’allant même au-delà de ses promesses, le nouvel éditeur ne tarda pas à en publier un toutes les semaines.

Il y avait, certes, dans ces noms, dans ces conditions, de puissants éléments de succès ; mais, dit lui-même le directeur de cette troupe illustre, « tout cela était bon pour des annonces, suivant l’usage ; mais, suivant l’usage aussi, tout cela se réduisit à fort peu de chose, et la plupart des prétendus coopérateurs ne fournirent guère que leur nom. » Ce-

  1. La Harpe, qui avait un talent tout particulier pour se faire des ennemis, ne conserva pas longtemps cette position : Panckoucke se vit contraint de le sacrifier aux plaintes qui s’élevaient de toutes parts contre lui, il fut réduit à la partie des spectacles avec mille écus d’appointements ; bientôt même il dut se retirer tout à fait, mais pour revenir ensuite comme simple collaborateur. Il fut remplacé, dans ses fonctions de critique dramatique, par Levacher de Charmois, qui fut rémunéré à raison de 150 livres la feuille. Voyez d’ailleurs, pour le passage de La Harpe au Mercure, l’article consacré à ce célèbre critique dans notre tome II, et aussi, dans notre tome III, l’article Linguet.