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On ne se serait sans doute pas attendu à une pareille conclusion, surtout après les prémisses, si l’on ne savait ce dont la passion est capable. Cependant si Lacombe soutint la valeur littéraire du Mercure, il sut moins bien en soutenir la prospérité financière ; pour avoir voulu trop entreprendre, il se trouva bientôt gêné dans ses opérations, et les pensionnaires, mal payés, firent entendre des plaintes bruyantes et réclamèrent des réformes. Un vide s’étant produit, sur ces entrefaites, dans les rangs de la rédaction, par la mort de de Lagarde[1], ancien collaborateur de de La Place, et qui était resté chargé des théâtres, avec un traitement de mille écus, ils présentèrent au comte de Saint-Florentin un mémoire où ils faisaient voir que les recettes ne suffisaient plus pour les payer, et demandaient en conséquence que la place vacante ne fût pas remplie. Le ministre promit d’examiner leur demande.

Mais l’emploi était à la convenance de trop de gens pour qu’il ne fût pas ardemment brigué. En tête des compétiteurs était La Dixmerie, qui depuis

  1. Une des victimes de Grimm, qui, d’ailleurs, n’aimait pas le Mercure ni ses rédacteurs, et ne laissait échapper aucune occasion de les maltraiter.

    « M. de Lagarde, dit-il (Correspond. littér., éd. Taschereau, t. III, p. 98), peut hardiment se regarder comme l’aigle du royaume des bêtes ; les Trublet ne sont que des enfants auprès de lui. Quoique j’aie tous les mois un plaisir exquis et sûr à lire les articles de M. de Lagarde, et que je lui rende la justice de convenir qu’il n’y a point d’écrivain en France aussi réjouissant, plus bête et plus impertinent que lui, je ne puis me dissimuler qu’il est indécent qu’un journal qui se fait sous la protection particulière du gouvernement soit abandonné à des écrivains qui l’ont rendu méprisable et burlesque. »