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Voici d’ailleurs des chiffres qui répondent victorieusement aux attaques des détracteurs du Mercure : il était arrivé, à cette époque, à produire 60,000 livres ; il servait, comme nous l’avons dit, 28,000 livres de pension ; il avait 16,000 livres de frais ; le reste représentait les non-valeurs, les sommes arriérées et recouvrements à faire, etc. C’était là, pour le temps, et ce serait encore même aujourd’hui, une assez grosse affaire, et capable de tenter bien des ambitions.

Elle séduisit un avocat-libraire, J. Lacombe, qui offrit, si on voulait lui abandonner l’entreprise, de payer tous les ans pour le service des pensions une somme nette de 30,000 livres, indépendamment d’une rente de 5,000 livres à de La Place, à la seule condition qu’il serait maître de confier la rédaction à qui bon lui semblerait. Le ministère, fatigué des tracas inséparables d’une gestion de cette nature, s’en déchargea à ces conditions.

Ce Lacombe était, suivant les Mémoires secrets, un avocat homme de lettres, qui faisait des livres en communauté avec un de ses frères, avec les Macquers et autres auteurs, et qui, tyrannisé par les imprimeurs, s’était dévoué pour la société, avait quitté la robe et s’était fait recevoir libraire. Ce nouvel état lui avait inspiré de la cupidité ; il avait étendu son commerce, envahi tous les journaux, et était devenu formidable à ses confrères. Il pré-