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quitter le Forum, où ils s’assemblaient au pied de la tribune aux harangues, d’où leur était venu le nom de subrostrani, savaient mieux que les généraux par quels chemins il fallait conduire l’armée, où il convenait de camper, de prendre ses quartiers d’hiver et de livrer bataille [1]. »

Les patriciens avaient encore, pour les tenir au courant de la chronique scandaleuse, le parasite, type éteint de nos jours, ou, pour mieux dire, qui s’est transformé, mais qui occupe une grande place dans l’histoire de la société romaine, dont il était le journal vivant et comme le feuilleton-chronique. « Cet homme, dit Martial, invente force nouvelles, qu’il débite comme vraies. Il sait ce que le roi des Parthes a dit dans son conseil privé ; il donne le chiffre de l’armée du Rhin et de celle des Sarmates ; il est au fait des ordres que le roi des Daces a transmis par écrit confidentiel ; aucun des ressorts cachés de la politique ne lui est inconnu, et partout il a des intelligences secrètes. Il n’est pas moins au courant des nouvelles de la ville, dont il possède toute l’histoire scandaleuse, et il vous apprendra que telle veuve est enceinte, dans quel mois elle le devint et de qui, etc. »

C’était, comme on le voit, un personnage précieux que le parasite, à une époque où l’on n’avait

  1. Tite-Live.