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Il en est qui s’obstinent encore à compter au Mercure pour un défaut la variété qui constitue son caractère. Ignorent-ils que ce journal est fait pour tout le monde, et qu’il doit des mets à tous les goûts ?

Les vers, qui n’ont pas encore paru dans les anciens Mercures, seront très-bien reçus dans le nôtre. Journalistes de la poésie et de l’éloquence, nous le serons aussi de la musique et de la peinture ; nous tâcherons d’instruire le public de tout ce qui pourra contenter son goût. On lui annoncera tous les livres nouveaux, les tableaux des grands maîtres, les estampes des plus habiles graveurs, les statues des sculpteurs distingués, enfin les fabriques des plus fameux architectes. Nous rendrons un compte fidèle des ouvertures des académies et de leurs travaux. Nous n’oublierons pas les programmes des professeurs, et les thèses choisies des quatre facultés. Les esprits les plus délicats ne refusent pas de jeter les yeux sur ces sortes d’ouvrages, depuis que Descartes a conduit la raison dans les colléges.

À l’égard des théâtres, nous ne vanterons que les ouvrages applaudis. Chronologistes sincères des succès et des chutes de Melpomène et de Thalie, nous ne tromperons pas les provinces et les pays étrangers en leur exagérant l’excellence et la richesse des poèmes dramatiques qui n’auront fait qu’une fortune médiocre : les louanges prodiguées deshonorent le panégyriste sans illustrer ceux qui les reçoivent, et qui souvent les mendient. Le Mercure se fait siffler lorsqu’il contredit le parterre.

Voilà notre plan général. Nous joindrons aux pièces différentes qui nous seront confiées les nouvelles galantes, politiques et littéraires.

Nous ne pouvons mieux finir qu’en apprenant au public la plus glorieuse prérogative du Mercure : il a l’honneur d’être lu au Roi…


À partir de 1724, le Mercure devint, comme nous l’avons dit tout à l’heure, le Mercure de France :


Le titre de Mercure de France que nous donnons aujourd’hui à