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avait longtemps nommée la Belle Bouquetière, et à laquelle sa beauté avait attiré autrefois des chalands de plus d’une espèce.

Quoi qu’il en soit, les volumes du Mercure publiés par Dufresny sont peut-être les meilleurs de la collection ; Rousseau s’y trouvait en excellente compagnie, à côté des Corneille, de Racine, de Fontenelle et autres excellents auteurs, et si le même choix eût toujours présidé à la rédaction de ce recueil, il n’aurait jamais été mis au-dessous de rien. Dufresny apporta en outre dans la partie politique une modération inconnue à de Visé, auquel on reprochait d’aimer plus sa patrie que la vérité, et de « médire brutalement des princes qui étaient en guerre avec la France. » Cette modération de Dufresny ne contribua pas peu au succès du Mercure à l’étranger. Il se montra aussi moins facile sur le chapitre de la louange, ce qui n’empêcha pas « les rigides partisans de la vérité de prétendre qu’il la devait dire plus hardiment, » au rapport de Madame Dunoyer, qui lui trouvait, pour son compte, trop de complaisance. « Il la pousse si loin, ajoute cette dame, que, pour se conformer à cet esprit de dévotion qui règne maintenant à la cour, il va puiser dans la Vie des saints de quoi enjoliver son Mercure, et prendre les noms de ses héroïnes dans les Litanies. Le cas est nouveau, et je ne me serais pas attendu à trouver la conversion d’Aglaé dans un