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Longuemain

Après un vol si grand…Comment, vol ! parlez mieux,
Et ne vous servez pas de ce terme odieux.
Tant pour vous que pour moi, mettez-vous dans la tête
Que frauder la gabelle est un mot plus honnête.
C’est me déshonorer qu’employer de tels mots.


On a reconnu notre voleur d’une des scènes précédentes. Il veut absolument que le Mercure arrange son affaire : qu’a-t-il fait auprès de ce qui se pratique tous les jours ?


Combien n’en voit-on pas, banqueroutiers parfaits,
Vivre du revenu des crimes qu’ils ont faits ?
Pour un à qui l’on fait ces injures atroces,
Plus de dix, à Paris, ont deux ou trois carrosses.
Qu’un homme ait de bien clair jusqu’à cent mille écus,
On lui prête sans peine un million et plus ;
Chacun, ouvrant sa bourse à la moindre requête,
Lui jette avec plaisir son argent à la tête,
Et quand ses créanciers redemandent leur bien,
L’emprunteur infidèle, abandonnant le sien,
À la face des lois fait un vol manifeste,
Et pour cent mille écus un million lui reste…
Avec ce que j’ai pris, comparez cette somme,
Vous verrez que j’en use en bien plus galant homme.
Pour messieurs les fermiers qui font des gains si grands,
Qu’est-ce, de bonne foi, que deux cent mille francs ?
Gros seigneurs comme ils sont, ont-ils lieu de se plaindre ?
À rien de plus modique ai-je pu me restreindre,
Et, de vider ma caisse ayant fait le serment,
Pouvais-je, en conscience, en user autrement ?
Mettez-vous à ma place…


Enfin pourtant il veut bien faire quelques con-