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toires ; les journaux littéraires du temps de César sont dans les lettres de Cicéron, et les petits journaux dans les épigrammes de Catulle : ce n’était pas trop mal pour commencer. S’il y avait eu des journaux, dans ce sens moderne qui nous flatte, au moment où se préparait la rupture entre César et Pompée, on aurait vu Curion soudoyer, courtiser des rédacteurs, César envoyer des articles tout faits ; il y aurait eu escarmouche de plume avant Pharsale. Mais rien ; le journal de Rome manqua toujours de premier Paris aussi bien que de feuilleton : est-ce là un aïeul ? Et sous les empereurs, après Néron et dans les interrègnes, s’il y avait eu de vrais journaux à Rome, chaque prétendant y serait allé, en même temps qu’aux prétoriens, pour se les assurer ; et Trimalcion et Apicius, dans leurs digestions épicuriennes, auraient songé à en acheter un, pour être quelque chose.

» C’est à nous, bien à nous, notre gloire et notre plaie que le journal ; prenons garde ! c’est la grande conquête, disions-nous hier ; nous le redisons aujourd’hui, et, plus mûrs, nous ajoutons : c’est le grand problème de la civilisation moderne[1]. »

Nous pensons sur ce point comme l’éminent critique : la parenté entre nos journaux et ceux de Rome est fort lointaine ; cependant on ne peut nier

  1. Sainte-Beuve, Portraits contemporains, II, 359.