Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/414

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans les armées, et vous éclairerai souvent des choses dont la renommée est toujours mal instruite, parce qu’elle n’attend jamais pour partir qu’elles soient bien éclaircies, et que les premiers bruits qu’elle sème ne sont que rarement véritables… Comme on entend de temps en temps parler de procès si extraordinaires et si remplis d’aventures que les romans les plus surprenants n’ont rien qui en approche, je ne manquerai pas de vous en divertir et de vous en mander les véritables circonstances, qui ne sont jamais bien sues que de ceux qui se donnent la peine de les rechercher avec soin.

Je vous enverrai toutes les pièces galantes qui auront de la réputation, comme sonnets, madrigaux et autres ouvrages semblables. Je vous manderai le jugement qu’on fera de toutes les comédies nouvelles et de tous les livres de galanterie qui s’imprimeront.

J’espère vous écrire souvent quelques aventures nouvelles en forme d’histoire. Paris est assez grand pour m’en fournir, et il y arrive chaque jour des choses assez considérables et extraordinaires… J’ajouterai à toutes ces choses toutes les nouvelles des ruelles les plus galantes, et vous manderai jusques aux modes nouvelles. On est ravi en province de les apprendre, et, de tout ce que l’on y peut mander, rien n’y est souhaité avec plus de passion. Vous croyez bien que les coquettes de Paris me fourniront assez de quoi vous écrire sur ce sujet, et que toutes les choses que je viens de promettre me fourniront séparément de quoi vous entretenir d’un nombre infini de nouvelles. Je ne vous en manderai pas beaucoup d’étrangères ni d’état, et je vous parlerai seulement de ces grandes nouvelles publiques dont s’entretiennent ceux même qui ne font pas profession d’en savoir. Comme il n’y a pas de nouvelle si publique qui n’ait quelque chose de particulier et qui n’est pas su de tout le monde, je vous informerai de ce qu’en croiront ceux qui doivent être les mieux informés.

Si je puis venir à bout de mon dessein, et que vous conserviez mes lettres, elles pourront dans l’avenir servir de mémoires cu-