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il avait fait connaître son goût pour la satire en publiant, à la suite d’un recueil de nouvelles, l’examen des ouvrages de Molière et une critique de la Sophonisbe de Corneille. Peu de temps après, l’abbé d’Aubignac ayant attaqué ce dernier écrivain, de Visé, par un revirement étrange, en prit la défense et se constitua le champion de notre grand tragique, avec lequel sans doute il avait fait sa paix. Mais il continua de harceler Molière, soit qu’il n’appréciât pas ce rare génie, soit qu’il cédât à une basse jalousie. En 1665 il aborda le théâtre, et débuta par la Mère coquette, ou les Amants brouillés, que suivirent, à des intervalles rapprochés, plusieurs autres pièces, toutes en vers, et qui eurent un grand nombre de représentations.

De Visé était donc déjà très-connu dans le monde littéraire quand il commença, en 1672, la publication du Mercure galant. Ce n’était pas, comme je le vois imprimé partout, une suite, une résurrection du Mercure français de Richer ; il n’y a aucune espèce d’identité entre ces deux recueils. Le livre de Richer était, comme je l’ai dit ailleurs, une sorte d’annuaire historique ; le Mercure galant était, ainsi que l’indique son titre, un recueil essentiellement léger, qui embrassait, mais en les effleurant seulement, toutes les matières qui sont le butin des Chroniques, Courriers, feuilletons de théâtre, et Revues d’aujourd’hui : nouvelles politiques et litté-