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censure des maîtres, les journaux à Rome ne furent jamais rien qui ressemblât à une puissance ; ils étaient réduits à leur plus simple expression, et l’on ne saurait moins imaginer dans un grand État, qui ne pouvait absolument se passer de toute information sur les affaires et les bruits du Forum. Il n’y avait à Rome que le journal en quelque sorte rudimentaire, un extrait de Moniteur, de petites Affiches et de Gazette des tribunaux ; le vestige de l’organe, plutôt que l’organe puissant et vivant. M. Leclerc a fait comme ces curieux anatomistes qui retrouvent dans une classe d’animaux ou dans l’embryon la trace, jusque-là imperceptible, de ce qui plus tard dominera. Si M. Magnin a su montrer la persistance et faire comme l’histoire de la faculté dramatique aux époques même où il n’y a plus de théâtre ni de drame à proprement parler, M. Leclerc, à son tour, a pu trouver la preuve de la faculté du journal chez les Romains. Cette faculté humaine, curieuse, bavarde, médisante, ironique, n’a pas dû cesser dès avant Martial jusqu’à Pasquin. Mais qu’on n’en attende alors rien de tel (M. Leclerc est le premier à le reconnaître) que cette puissance de publicité devenue une fonction sociale ; ceci est aussi essentiellement moderne que le bateau à vapeur. Le véritable Moniteur des Romains se doit chercher dans les innombrables pages de marbre et de bronze où ils ont gravé leurs lois et leurs vic-