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J’écris pour ma seule personne.
Mes vers vont comme il plaît à Dieu,
Sans affecter homme ni Dieu ;
Je les donne à qui les demande,
Sans qu’autre chose je prétende.
Loret gagne avec maint seigneur ;
Avec moi gagne un imprimeur.
Il envoie, ou lui-même livre,
Deux feuillets chers comme un bon livre ;
Quatre des miens à fort bas prix
Battent le pavé de Paris.
Loret avec sa rime gaie
Non pas seulement se défraie,
Mais même en reçoit non pour peu
De quoi frire et jouer beau jeu ;
Au lieu que mon ingrate rime
Trouve à grand’peine qui l’imprime,
Et que crédit je n’aurais pas
Sur mes vers d’un petit repas.
Mais sur les siens le grand Malherbe
À peine trouva-t-il de l’herbe ;
En ses vieux ans il n’eut de bon
Que du laurier, comme un jambon.


Ailleurs il fait dire à Jacquemard parlant à la Samaritaine :


Sur votre pont passent sans cesse,
De tous côtés, de toutes parts,
Des citoyens, des campagnards :
Ainsi vous pourrez, ma fidèle,
Rendre nouvelle pour nouvelle.
Pour moi, je serai ponctuel,
En ce commerce mutuel,
Comme est Loret dans ses gazettes ;
Autant plaisantes que bien faites,