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n’étaient probablement dans l’origine que les procès-verbaux des Assemblées du sénat et du peuple, avec des extraits ou des analyses des discours et des projets de lois ; mais leur cadre dut bientôt s’agrandir, pour faire place à tout ce qui pouvait piquer la curiosité publique. Ainsi on y trouvait, dit-on, comme dans nos feuilles modernes, les cérémonies funèbres, les incendies, les exécutions, les pluies de pierres, les banqueroutes, les longévités et les fécondités extraordinaires, les nominations des magistrats, le récit des événements militaires, la description des fêtes et des jeux publics, les rivalités des cochers du Cirque, les succès ou les chutes des acteurs ; et il ressort d’un passage de Tacite, parlant de l’avidité avec laquelle on lisait les Diurna « pour y voir ce que n’avait point fait Thraséas[1] », que, s’ils ne se livraient pas à la discussion des actes politiques et à la critique des hommes publics, ils enregistraient du moins les actions les plus importantes des personnages considérables. Les Romains, du reste, n’avaient pas tardé à comprendre le parti que la vanité pouvait tirer de ce nouvel agent de la renommée. Avaient-ils fait le moindre don à un temple, ils envoyaient aux journaux une note où était célébrée

  1. On sait que, lorsque le Sénat félicitait Néron sur la mort d’Agrippine, et assistait en corps aux funérailles de Poppée, Thraséas osa protester par son abstention et son silence, et que ce silence et cette abstention lui furent imputés à crime.