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Et ailleurs :


Princesse, quand les beaux esprits
Composent leurs divins écrits,
Ils les relisent d’ordinaire,
Et si quelque mot de grammaire
N’est pas comme il faut appliqué,
Il est tout soudain révoqué,
On en met un autre à sa place
Qui donne au discours plus de grâce ;
Bref, ils sont par eux si polis
Qu’ils en sont cent fois plus jolis.
Moi, chétif poëte lyrique,
Inculte, ignorant et rustique,
Quand j’écris gazette ou chanson,
Je n’y fais pas tant de façon ;
Je les rime tout d’une haleine,
Et s’il fallait prendre la peine
D’y raturer et corriger,
Cela me ferait enrager.
Ce n’est donc pas chose fort rare
Si mon style est un peu barbare,
C’est-à-dire indigeste et cru,
Et quelquefois très-incongru.
Ainsi, sans aucun artifice,
Je me fais moi-même justice,
Et ceci, dont je suis l’auteur,
Servira d’avis au lecteur.


Et encore :


Mes vers jamais je ne retâte ;
Ils partent dès qu’ils sont rimés,
Sitôt faits, sitôt imprimés.


Mais dans la fièvre de cette production hâtive, Loret rencontre fréquemment des expressions heu-