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Loret lui-même, au commencement de 1663, rappelait que sa Muse historique avait déjà exigé de lui 700 préambules divers et autant de péroraisons ; il se permettait de faire remarquer que l’inépuisable variété dont il avait fait preuve excitait des étonnements et trouvait des approbateurs, et il repousse avec fierté l’insinuation qui tendrait à le faire soupçonner d’avoir


Des magasins de préambules,
De dates et de compliments,
De fins et de commencements,


qu’il tirerait de son armoire et appliquerait comme une selle à tous chevaux.

Les contemporains, en effet, étaient dans l’admiration de cette manière de dire toutes choses sur-le-champ, facilement et sans se répéter. Sorel, grave personnage, l’ami de Guy-Patin, en manifeste son étonnement : « Le sieur Loret, depuis l’année 1650, n’a point manqué de donner toutes les semaines une lettre en vers appelée ordinairement la Gazette burlesque ; en quoi l’on a admiré la fertilité de son esprit pour tant de diverses préfaces, et l’adresse qu’il avait pour réciter agréablement toutes choses qui arrivaient. » Un pareil éloge a d’autant plus de valeur dans la bouche de Sorel, qu’au dire de son ami, c’était un homme fort doux et taciturne, point bigot ni mazarin, tandis que Loret, au contraire, était ouvert, pieux, et mazarin.