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restassent longtemps le privilége du cercle un peu circonscrit de Mademoiselle de Longueville. Il ne fut bientôt plus question dans toutes les ruelles que des caquets du poète gazetier, et les traits les plus saillants volaient de bouche en bouche par tous les coins de la ville. « Son travail, dit l’auteur du Discours, étant donc passé dans l’impression depuis quelques années, il faut avouer qu’il a eu un applaudissement universel, et qu’il n’y a guères d’honnêtes gens qui n’aient souhaité d’en avoir la vue. Il a même été assez heureux pour obtenir l’approbation du plus grand roi et de la plus grande reine du monde, leurs Majestés s’en étant assez souvent diverties. Les princes et les princesses, les grands seigneurs et les dames de notre cour, les hommes même de longue robe et de profession sérieuse et studieuse, quittent leurs autres emplois pour quelques moments afin de se récréer à ceci, et y apprendre les choses qu’ils n’ont pas vues, ou que, s’ils en ont été les témoins et les spectateurs (comme cela rapporte ordinairement les actions publiques et connues), ils prennent plaisir à voir dépeindre agréablement, les ayant vues en effet, de même qu’un homme qui a contemplé autrefois un beau jardin et le cours d’une agréable rivière est fort aise, après, de les voir naïvement dépeints en un tableau. »

Mes vers, dit lui-même Loret,